Disons-le carrément : Last Window est un Hotel Dusk 1.5. Le petit frère de la très jolie création du défunt studio CING recopie en tout point son ainé. Même genre de personnages, même genre de lieu, même genre de mini-jeu... Une formule qui séduira ceux qui, comme moi, ont adoré le premier opus. Les autres risquent de vomir du déjà-vu à chaque ligne de dialogue.
Un an presque tout pile après sa recherche frénétique de son ex-partenaire Bradley, Kyle Hyde nous permet enfin de rentrer dans sa chambre (celle-ci étant somme toute assez moche). Le pauvre petit est fraichement chômeur et préfèrera passer des journées terriblement vides à aller faire ch*er ses voisins plutôt qu'à chercher du boulot ! Afin de rester le plus loin possible des bureaux d'aide à l'emploi, il prendra même comme excuse une lettre anonyme lui intimant d'aller chercher une étoile perdue 25 ans plus tôt afin de ne pas faire un seul pas dehors. La résidence Cape West devient son nouveau terrain de jeu et votre nouveau défi. C'est reparti pour un tour !
Rote, Ô Scopie !!
Certains matent en premier les fesses ou la poitrine d'une fille, pour ce qui est de Last Window et de son prédécesseur, ce qui frappe en premier, c'est indéniablement le look. Hotel Dusk n'était pas le premier à jouer de la rotoscopie, puisque Prince of Persia, premier du nom, s'en vantait déjà. Mais les personnages crayonnés de cette BD intéractive risquent de rester en mémoire en tant qu'acteurs d'un des jeux DS les plus aboutis artistiquement parlant. Les histoires de Kyle Hyde possèdent une patte. Quelque chose qui rends ces jeux uniques et qui est réalisé d'un main de maitre. Si Last Window propose bien plus d'illustrations couleur (par ailleurs très sommairement réalisées) que son grand frère, il surfe sur la même ligne graphique qui a fait son succès et qui reste toujours aussi efficace.
Si c'est rafraichissant de diriger un trentenaire barbu et non plus un éphèbe de 14 ans se questionnant sur le pourquoi de son existence, on reconnaitra tout de suite le chara-design de Taisuke Kanasaki avec ses personnages féminins aux visages ronds et aux grands yeux. Certains personnages font effectivement penser à une autre production de CING, à savoir Another Code. Mais l'ensemble reste très bon et aucun personnage ne se ressemble ! Enfin si, mais ils ressemblent à ceux du premier opus, lequels ont laissé leur place ! Les personnages sont toujours aussi expressifs (Kyle sourit, parfois, quand il mange... C'est très subtil, vous risqueriez de le rater.) et on en vient presque à attendre une animation finale, à la Phoenix Wright, lorsque le témoignage du méchant est foutu en l'air. Le seul personnage qui aurait gagné à être plus travaillé est sans doute... le héros lui-même ! Avec son visage ultra-carré et ses yeux qui se limitent à deux traits parallèles, Kyle ressemblent de plus en plus à un cyborg ! Cela expliquerait peut-être son humour débordant, qui sait ?...
Pourquoi faire simple...
...quand on peut faire de la confiture de cerveaux ? Tout comme Hotel Dusk (buvez un coup chaque fois que j'écris ces 4 mots...), Last Window propose un scénario limite capilo-tracté où, par le plus grand des hasards, tous les protagonistes d'une histoire vieille de 25 ans se retrouvent sous le même toit au même moment. Si ce paradoxe spacio-temporel est beaucoup moins évident que dans Hotel Dusk, où Machin était en fait le demi-frère amnésique de la copine de Truc (par alliance), Last Window continue à combler les trous des témoignages de certains par les témoignages d'autres. On aurait apprécié que Kyle Hyde n'aie pas mis des années avant de s'intéresser à l'endroit où il vit, mais comme spécifié à de nombreuses reprises dans le jeu, notre héros est tellement blasé qu'un koala pourrait danser la carmagnole devant lui avec une salade de fruits sur la tête qu'il s'en battrait la frange. Et pourtant, lorsqu'il est au coeur d'une affaire, il change du tout au tout pour devenir un chieur curieux. Vous avez déjà eu cette impression dans Hotel Dusk, où il harcelait ses voisins sans relache jusqu'à extraire la plus petite goutte d'intimité de leurs corps suintant le secret. Et bien en un an, notre cher Kyle n'a pas changé d'un trait ! Vous lui dites de ne pas aller quelque part, il va y aller. Vous lui dites qu'il n'y à rien à tel endroit, il va aller vérifier, voir si vous mentez pas. Vous lui ouvrez la porte avec un peu de lait à la moustache, il va vouloir savoir d'où vient ce lait, s'il était entier ou demi-écrémé, la jour de la traite et le nom de la vache ! Kyle est curieux... Ca peut faire le charme du personnage comme ça peut donner envie de lui en coller une.
CTRL+C / CTRL+V
Last Window plaira à deux catégories de personnes. Ceux qui ont adoré le premier opus, et ceux qui n'ont pas joué à celui-ci. Ce jeu est, pour ceux qui aiment le genre, très bon. Mais il commet l'erreur de reprendre tous les éléments de son prédécesseur. Le gérant plein de secrets inavouables ? CHECK ! Le pote gentil mais un peu gauche ? CHECK ! La bombe sexuelle ? CHECK ! Le mini-jeu du bowling ? CH... ah non, c'est devenu le billard... Je suis grande gueule aussi. Il y a aussi pas mal d'innovations ! Par exemple, le scénario n'est plus dans un hotel mais dans une résidence !... qui est en fait un ex-hotel. Oui, bon...
P*tain d'ascenceur de M***RDE !!
Le gameplay n'est pas plus, ni moins présent que dans le premier. Vous ferez moultes allez et venues (il est au chômage aussi. Laissez-le se dégourdir les jambes !) dans le même costume pendant des jours et des jours. Vous poserez des questions indiscrètes à vos voisins et ferez quelques mini-jeux et énigmes dont certaines sont juste abominables. Ce jeu compte effectivement quelques casses-têtes bien tordus, dont celui de la cassette audio, de la boite à musique ou de l'ascenseur. Si ça fait plaisir de trouver de quoi se creuser les méninges, vous aurez quand même droit à quelques explosions de cerveau tant ces énigmes contrastent avec la facilité des précédentes (ouvrir un bocal de confiture... Ah ah !). Je vous souhaite également bonne chance si, comme moi, vous êtes aux bords de la crise de nerfs et que le jeu étant sorti récemment, vous ne trouvez aucune aide sur le net ! Alors certes, c'est très bien de trouver les solutions tout seul, mais au bout d'un moment, la mélodie mélancolique de la boite à musique vous donne envie de tuer des chatons !
Ajoutons à cela certaines phases bien sadiques, genre l'interrogatoire d'un de vos voisins, où vous devez lui posez des questions dans un ordre spécifique et cela sans indice quant à cet ordre et tout en risquant le game-over. Bref, Last Window, étant plus un roman qu'un jeu, dispose quand même de quelques séquences qui vous rappellent que non, le jeu ne fera pas tout pour vous et qu'il faudra bien que vous trouviez la solution par vous même. Et ça, ça énerve, mais ça fait un bien fou !
J'ai vraiment aimé ce jeu (d'où ma note). Pour son look, pour le scénario écrit par une Spice Girls sous acide et pour Kyle Hyde qu'on retrouve dans de palpitantes aventures. Mais il laissera un goût de déjà-vu qui risque de vous niquer la gorge. Aussi, un simple conseil : si vous avez aimé Hotel Dusk ou Another Code, vous devez savoir si ce genre de jeu vous plait. Attendez-vous à une redite du premier volet, mais une redite qui se laisse agréablement "jouer" de par son style visuel incroyable de finesse et ses personnages haut en couleurs.